ESRI à la sauce BesCha

12/02/18: Innovation quelques réflexions sur état des lieux et propositions ministérielles

Propositions ministérielles pour faciliter l'innovation:

 

A la faveur de ces voeux notre ministre de l'Enseignemnt Supérieur, Recherche et Innovation (ESRI), F Vidal, a émis des propositions pour faciliter l'innovation dit de rupture pour laquelle nous, le monde de la recherche publique, sommes principalement engagé. L'innovation incrémentale est elle plus l'apanage du monde de l'entreprise de services ou autres. Cette  innovation de rupture est aussi symbolisée par l'emploi du terme "deep tech" qui désigne le monde des startups qui s'appuient sur ces innovations de rupture venant de la R&D (recherche et développement) avec une forte contribution du R!

 

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Extrait dépêche AEF:

  • "C’est aussi pour lever les entraves à la créativité que j’ai lancé conjointement avec Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, une mission sur les aides à l’innovation afin de rendre le système plus performant", rappelle Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, le 25 janvier 2018
  • Frédérique Vidal a fait état de son intention d’engager une "simplification" du dispositif de soutien à l’innovation (lire sur AEF). "Il est temps d’assumer pleinement le fait que l’innovation fait partie intégrante de la recherche et de la formation", déclarait-elle ainsi en juillet 2017 lors de la remise des prix du concours I-Lab d’aide à la création d’entreprises de technologies innovantes.
  • Dans ce cadre d’un "décloisonnement" du monde de l’entreprise et du monde de la recherche publique, la ministre a annoncé en octobre 2017 sa volonté d’adapter la loi Allègre pour "encourager la porosité des parcours des chercheurs entre public et privé" (lire sur AEF).

Elle s'appuie notamment sur le rapport Beylat-Tambourin de février 2017 remis à son prédecesseur au ministère T Mandon et qui traite en particulier de propositions d'amélioration de la loi Allègre de 1999  : LA CREATION D’ENTREPRISE PAR LES CHERCHEURS ET L’INTERESSEMENT DES INVENTEURS. Excellent rapport facile à lire où les choses essentielles sont dites.  

https://drive.google.com/open?id=1E7JTXuNmZsMaOFSCmkLJrD31mJDPaBSY.

 

Pour compléter cette volonté d'action dans le domaine de l'innovation la ministre  de l'ESRI a confié une mission à JL Chameau qui doit remettre un rapport pour fin avril en s'appuyant entre autre sur une préconisation du rapport de Suzanne Berger* visant à "créer une interface plus large et plus dynamique entre la recherche et la formation universitaire, et les entreprises" , à condition que cela se fasse "dans le cadre d'une gouvernance cohérente, en veillant à éviter la juxtaposition de structures redondantes".

* rapport S Berger (01/16 remis à T Mandon et E Macron alors ministres): https://drive.google.com/open?id=1bQUoAlysLjZxiJCB48Y-egCVLGY3OZO7 

 

Résumé dépêche AEF sur nomination JL Chameau: Pour déterminer les leviers permettant de "renforcer la capacité d'innovation des sites universitaires français", la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation Frédérique Vidal confie une mission "campus d’innovation" à Jean-Lou Chameau, ingénieur, universitaire et président émérite de Caltech (California institute of technology), lundi 29 janvier 2018, lors d'un déplacement à Strasbourg. Il lui revient, en étudiant les trois sites de Strasbourg, Montpellier et Rennes, de déterminer "pourquoi l’innovation [y] fonctionne", et aussi plus globalement "les points de blocage" à dépasser "pour qu’enfin la France, 6e pays au monde en recherche, ne soit plus 16e pays au monde en termes d’innovation", souligne la ministre. Accueillie à l’Isis par le prix Nobel Jean-Marie Lehn, Frédérique Vidal a précisé le rôle des écosystèmes locaux dans l’innovation.

 

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Imagede l'innovation en France à travers des classements toujours à prendre avec recul:

 

  • Classement Clarivate Analytics le 25 janvier 2018 : Sont évalués : le volume (nombre de brevets), le taux de succès (la différence entre les brevets déposés et ceux validés), la portée internationale des brevets et enfin leur influence (nombre de fois où un brevet d'origine est cité par d'autres demandeurs)

 

Résumé AEFLa France conserve sa 3e place mondiale pour la septième année consécutive au classement des "100 premiers innovateurs mondiaux" en 2017, publié par Clarivate Analytics le 25 janvier 2018 (1). La France place 7 institutions contre 10 l’année dernière (lire sur AEF). Elle reste toutefois première au niveau européen devant l’Allemagne, la Suisse et les Pays-Bas. Le CNRS et Ifpen sortent du classement, tout comme Valeo. "Il s’agit peut-être en partie de la conséquence d’années de réduction du financement de la recherche française", suppose Clarivate Analytics. "Dans le premier budget du président Macron, les propositions visant à augmenter ce financement indiquent une compréhension des conséquences à long terme du sous-financement des universités et des agences de recherche", poursuit la société. Le Japon est premier du classement avec 39 institutions et repasse devant les États-Unis (36).

 

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  • Classement cabinet conseil EY 23 mai 2017:

 

Résumé AEF: "L’innovation est désormais le premier avantage compétitif majeur de la France à l’international", assure le cabinet de conseil EY dans son "baromètre 2017 de l’attractivité de la France" publié le 23 mai 2017 (1). En conséquence, "le nombre de centres de R&D en 2016 (51) place la France en position quasi égale avec l’Allemagne et le Royaume-Uni". "Portée par l’esprit de la French Tech, la reconnaissance d’un entrepreneuriat à la française s’affirme en 2016", résume EY. Le cabinet de conseil observe aussi que Paris "attire toujours autant les investisseurs". "Dans une économie mondiale dominée par les grandes métropoles, le Grand Paris est une chance pour la France. Les dirigeants le reconnaissent en situant la région capitale parmi les 15 grandes métropoles mondiales où pourrait naître le prochain Google", signale le baromètre.

 

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  • Déclaration du DG de Bpifrance (banque publique d'investissement) 31 janvier 2018

 

Résumé AEF: "Bpifrance va désormais se positionner sur le sujet fondamental du transfert de technologie. Il faut massivement le fluidifier car il est antique, médiéval et la France est en retard", déplore Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, lors de son audition par la commission des finances de l’Assemblée Nationale, mercredi 31 janvier 2018 (1). "Il faut parfois attendre près de deux ans pour qu’une technologie soit transférée, ce qui est un véritable gâchis", pointe-t-il. Par ailleurs, Nicolas Dufourcq précise que le fonds pour l’innovation de rupture, doté de 10 Md€, "va engendrer 260 M€ de rendement par an" et plaide "pour qu’une partie de cette somme continue à financer l’écosystème de start-up, source majeure de cette innovation de rupture". Enfin, il précise que Bpifrance a alloué 1,3 Md€ pour l’ensemble des aides à l’innovation en 2017, contre 600 M€ en 2013. 

 

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Notre commentaire général:

En préambule et au delà de statistiques contradictoires, un constat partagé. La France dispose d’une recherche scientifique de premier plan mais, contrairement à d’autres pays, ne parvient pas à en exploiter pleinement le potentiel en termes de retombées à l’innovation. Le frein est avant tout culturel (l’exemple du Nobel 2007 Fert-Grünberg en est symptomatique) et matérialisé par le cloisonnement entre recherche académique et entreprises. Seule une politique ambitieuse et coordonnée peut faire sauter ce verrou. Le diagnostic est posé de longue date par de nombreux rapports.

Il faut d’une part rapprocher les cultures en plaçant l’insertion des docteurs en entreprise comme la priorité absolue. Force est de constater qu’au delà des discours, le processus stagne depuis 20 ans. D’autre part, la question de l’incitation des chercheurs à valoriser les résultats de leurs recherches est le second levier.

Au cœur de la loi Allègre, cette politique incitative se heurte aujourd’hui à trois obstacles : - la valorisation n’est toujours pas considérée comme un atout lors de l’évaluation de carrière, au contraire - la course aux financements type ANR est aujourd’hui la priorité du métier de chercheur et ne lui laisse aucun temps pour s’investir dans un processus de valorisation - les structures de valorisation s’empilent de façon anarchique augmentant opacité, redondance et complexité du processus.

Il faut donc lever ces obstacles et dans le même élan, inciter les établissements à remplacer une politique de valorisation privilégiant souvent l’affichage en trompe l’œil par un de véritables dispositifs opérationnels et pérennes, liant tous les maillons de la chaîne.

 

Dans le détail à présent, que penser de la situation de l'innovation en France face à ces différents indicateurs qui d'un côté nous place 3ème dans les innovateurs mondiaux et désigne l'innovation comme un avantage compétitif majeur de la France à l'International, et de l'autre nous relègue à la 16ème place mondiale en terme d'innovation ? Attendons des études plus précises qui différencieront les innovations de rupture des innovations incrémentales avant de conclure. Ne faisons pas de contre-sens comme cela a été fait sur l'effort de recherche privé qui n'est pas faible en France en terme d'intensité mais dont la somme est faible vu la désindustrialisation que nous rencontrons en comparaison d'autres pays comme nos amis allemands. 

 

Oui aux efforts à faire pour une meilleure fluidité entre recherche académique et  les besoins des entreprises: améliorons le transfert de technologie mais pour cela il faut faire ce qui est écrit depuis plusieurs années dans plusieurs rapports (dont celui de Beylat-Tambourin juillet 2013) simplifions l'écosystème! Assez de paroles des actes!

Suzanne Berger écrivait dans son rapport de janvier 2016 cité plus haut: 

Les programmes de réformes de l’écosystème d’innovation des gouvernements de gauche et de droite de ces 15 dernières années ont été conçus dans le but de corriger une supposée incapacité de la communauté scientifique universitaire à tisser des liens avec les entreprises. L’objectif des réformes était de substituer les institutions universitaires dans la mise sur le marché de produits et services issus des avancées scientifiques réalisées par les laboratoires. Les efforts de réforme se sont donc essentiellement concentrés sur la création d’institutions de transfert de technologies.

De nombreux organismes ont été créés. Peu ont été supprimés. Les SATT, les IRT, les ITE, les pôles de compétitivité, France Brevets, les instituts Carnot, les Chaires industrielles, le CEA Tech et d’autres agences qui figurent sur la cartographie complexe (figure ci-après) du système d’innovation français sont des institutions fondées pour faire le pont entre les organismes de recherche publique et les entreprises — un pont que les institutions universitaires sont apparemment incapables de construire. À chaque réforme, de nouvelles institutions se sont empilées sur les anciennes.

  

Cet effort de transfert de technologie profitera à ce mouvement des deep tech mais attention aux thèmes de recherche qui n'ont pas pour finalité à nos yeux, pour faire simple, à améliorer les dividendes mais bien à améliorer la vie de nos concitoyens. "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme", on a besoin d'éthique!!

 

 

 

 

 

 

 

 

 



12/02/2018
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