ESRI à la sauce BesCha

04/02/18: restructuration Enseignement Supérieur en marche mais bancale?

4 articles sur la restructuration de l'ES:

 

  • 23/01/18 Tribune dans The Conversation d'Alexandre Moatti: dualité université-GE

ll faut rompre la malédiction de la dualité université–grandes écoles, et non l’entretenir à coup d’argent public ; pour paraphraser la lettre de décembre 2015 qu’avaient écrite en défense du projet commun de Saclay un certain nombre de prix Nobel, médailles Fields et membres de l’Académie des sciences, « le rapprochement université–grandes écoles est une chance, sachons la saisir ! ». C’est aussi une chance, et une nécessité, pour repenser en profondeur l’enseignement supérieur en France. 

 

https://theconversation.com/rompre-la-malediction-de-la-dualite-universite-grandes-ecoles-90418?utm_source=linkedin&utm_medium=linkedinbutton

 

Notre commentaire: Si la politique gouvernementale a fait du rapprochement GE & Universités une priorité de la réforme ESR menée depuis 2007, les conditions de mise en œuvre de cette convergence sont en effet préoccupantes. Dix ans de course effrénée aux regroupements et aux classements, des milliards d'euros dépensés pour un résultat qui ressemble de plus en plus à un renoncement, en particulier s’agissant des établissements-fleurons de cette ambition. L’enjeu était d’accréter progressivement les GE autour de quelques universités déjà bien positionnées dans le paysage international, les organismes* venant en appui. Force est de constater que c’est la démarche inverse qui s’est imposée sur de nombreux sites, notamment en Ile de France. A deux mois d’un verdict du jury IdEx qui risque de figer le paysage autour de pôles inamovibles, la situation francilienne mérite qu’on y regarde de plus près.   

 

S’agissant de Paris intra-muros d’abord. Pour faire simple, on a d’un côté les GE ** arc-boutées sur la conservation de leur PMJ*** qui se sont fédérées-bunkerisées. De l’autre, et à quelques hectomètres de distance, des universités réputées qui improvisent des fusions, à marche forcée, au nom d’un hypothétique accès au Graal IdEx. Le tout à partir d'un découpage PRES obsolète et sans souci de cohérence disciplinaire à l’échelle de Paris Intra-Muros. Quid de la convergence ? Doit on en rester là et acter ce découpage caricatural ?

 

Le cas de Paris Saclay est un autre aspect de ce renoncement. On est parti cette fois d’un périmètre concentrant d’incroyables atouts pour l’émergence d’une université intégrée top ranking. Un laboratoire idéal et emblématique pour réussir enfin l’hybridation université-GE, condition incontournable du succès. Patatras, après huit ans de tergiversations et psychodrames, on s’est finalement résolu à l’impensable :  acter sur un même site la co-habitation de deux universités, en concurrence frontale. L’une exclusivement* formée de GE (NewUni), déterminée à réussir mais engluée dans une vision « conservatrice » de l’élitisme. L’autre associant* universités et GE autour d’un projet privilégiant encore et toujours - huit années après son premier échec à l’IdEx - les contorsions organisationnelles à l’ambition de contenu. Un projet "règlement de co-propriété" dans lequel les universités actent d’ores et déjà leur dissolution, les GE conservant bien entendu leur PMJ et les conditions de leur autonomie. Une application unilatérale du fameux « coopérer ne signifie pas disparaitre » qui finalement fragilise le volontarisme de ceux qui, sincèrement, voudraient croire encore à l'ambition Paris Saclay et à la viabilité de ce dispositif bipolaire.

 

Notre analyse de la situation en matière de rapprochement GE-Université - à travers le prisme de ces deux sites emblématiques – rejoint donc le constat de notre collègue Moatti. Loin de simplifier le paysage et de fédérer les énergies et talents pour répondre à l’urgence de refondation, en plaçant le Laboratoire et l’Etudiant au cœur du projet, le mouvement actuel va à rebours de l’ambition fondatrice. Au prétexte d’une vision rustique de l’excellence, il renforce un cloisonnement déjà bien étanche à travers des opérations de regroupement en trompe l’œil. De quoi prolonger de cinquante ans la survie d’un système dual consacré à la sélection d’une élite et qu’aucun pays au monde n’a jugé opportun de copier. Tout changer pour ne rien changer.

 

Alors que faire ? Ce commentaire étant déjà bien trop long, nous discuterons dans un prochain billet des possibilités de rétablir la situation. A commencer par les leviers dont dispose  le jury IdEx pour aider les promoteurs d’un véritable rapprochement GE – Université. D’ici là, rappelons simplement qu’aucune convergence pérenne et à la hauteur des défis et de l’ambition ne sera possible sans conjuguer adhésion de la communauté et volontarisme d’un Etat stratège. Un pilotage qui ne doit pas se limiter pas au constat et au jet d’appât (voir interview de P. Coulhon cité ci-après) sous peine de ne trouver à la remontée des filets que des carcasses rouillées.

 

* : les organismes viennent en effet en appui (membres associés) de ces trois périmètres mais on attend toujours une clarification de la façon dont ils vont conjuguer politique nationale et politique de site

** : y compris Dauphine qui a rejoint la Conférence des Grandes Ecoles en 2014

*** : personnalité morale et juridique

 

  • 30/01/18 dépêche AEF : Les mariages entre grandes écoles et universités sont-ils vraiment possibles ? L’exemple des écoles centrales

 Résumé AEF: 

Après plus de 10 ans de politiques publiques visant à rapprocher universités et grandes écoles dans de grands ensembles au destin partagé - d'abord au travers des PRES (2006) puis des idex/isite (dès 2010) et des Comue - quel bilan peut-on tirer de ces tentatives, jugées au prisme des relations entre universités et écoles centrales ? Parce qu’elles dépendent de la même tutelle ministérielle et qu’elles sont rompues au pilotage conjoint de leurs laboratoires de recherche, souvent des UMR, les écoles centrales comptent en effet parmi les plus "universités-compatibles" des écoles d’ingénieurs ; mais parce qu’elles sont aussi attachées à leur agilité institutionnelle, à leur proximité avec les industriels et à leur culture sélective, leur ADN reste celui des grandes écoles. AEF propose un tour d’horizon des différents sites concernés, où la symbiose tant attendue semble encore balbutiante.

 

Pour les abonnés AEF : http://www.aef.info/abonne/depeche/579337

 

Notre commentaire: H Biauser résume bien un des pbs de fond  "Le moteur d’une école, ce qu’elle met en tout premier dans ses priorités, c’est la formation d’ingénieur, elle-même conçue en fonction des besoins des entreprises et de la façon dont on pense que leurs activités vont se développer", explique Hervé Biausser. "Cela ne veut pas dire que nous ne faisons pas de recherche, mais la recherche n’est pas notre moteur. Les universités sont dans une logique différente : ce sont leurs laboratoires qui font leur réputation, ainsi que leurs prix Nobel, leurs médaillés Fields ou leurs médaillés du CNRS. Nous, ce sont nos capitaines d’industrie et nos start-up…" .

 

OK mais ça ne nous dit toujours pas pourquoi et comment Centrale Supelec s'ancre dans l'UPSay. Quelles sont ses ambitions ? ses attentes ? Quelles coopérations et synergies ? Quel rôle ?  Continuer comme avant et maintenir ses flux d'entrées d'élèves CPGE comme H. Biausser l'indique dans une autre dépêche AEF*  ? L'UPSay est-elle déjà une simple fédération d'intérêts particuliers ? Quand va-t-on enfin se décider à parler de projets innovants pour amorcer puis concrétiser la convergence ? Il faudrait peut-être commencer par positionner diplôme d'ingénieur vs Master, licences vs bachelors, accès au doctorat, etc... 

 

* H Biausser dans la dépêche AEF http://www.aef.info/abonne/depeche/579788 "Il existe une vraie différence entre les écoles de management et les écoles d’ingénieurs en matière de recrutement : en écoles d’ingénieurs, nous admettons en moyenne 30 à 33 % d’étudiants qui ne sont pas issus des CPGE. On n’ira pas au-delà de 40 %, car la base, ce sont les prépas. Sinon, la logique pédagogique risquerait d’être modifiée", indique Hervé Biausser, directeur général de CentraleSupélec, le 27 janvier 2018, lors du congrès annuel de l’APLCPGE au lycée Henri-IV, à Paris.

  • 12/03/17 Tribune dans Libération de T Coulhon sur rapprochement GE/universités!!! 

http://www.liberation.fr/debats/2017/03/12/pour-entrer-dans-le-xxie-siecle-repartons-du-moyen-age_1555174

 

Beaucoup reste à faire, mais nos partenaires internationaux ont déjà pris la mesure de ces transformations. Il est important qu’en France aussi la société civile reprenne confiance en notre enseignement supérieur. Il nous faut la convaincre que nous sommes en train de surmonter l’archaïque opposition entre grandes écoles et universités à la française et de construire à partir d’elles ce que, dans le monde entier, on appelle universités : des institutions qui savent s’occuper de toute une classe d’âge dans sa diversité, qui choisissent, orientent et font réussir leurs étudiants, qui sont à la racine du développement économique et qui éclairent l’avenir des sociétés.

 

Notre commentaire: Nous reviendrons sur cette tribune du conseiller ESR du Président de la République dans un prochain billet mais nous pouvons quand même noter l'écart entre cette déclaration faite avant les élections présidentielles et la réalité du terrain (voir le cas PSL dont T Coulhon était le président où l'on ne retrouve que des GE et un Grand Etablissement, l'arbitrage qu'il vient d'y avoir sur le plateau de Saclay!).

  • 26/01 Colloque SGEN-CFDT sur bac-3/bac+3 : autour de l'intervention de F Germinet

Résumé AEF: 

"L'idée de concentrer la recherche dans quelques métropoles va à l’encontre de ce que font les autres pays", déclare le chercheur Olivier Bouba-Olga, lors d’un colloque organisé par le Sgen-CFDT, le 25 janvier 2018. Rejetant la "fausse peur" qui constituerait la mise en place de collèges universitaires, François Germinet, président de la commission formation de la CPU, constate quant à lui que les publics et les problématiques diffèrent entre la licence  - "on est alors dans une université de proximité" - et le master où "on a un recrutement très fort aux niveaux national et international". C’est pourquoi il songe à mettre en place dans son université des CFVU distinctes. Il revient également sur "les critères de réussite d’une antenne régionale" et François Bonneau, président délégué de Régions de France, sur la réforme de l’apprentissage.

 

Pour les abonnés AEF: http://www.aef.info/abonne/depeche/579311

 

  • 30/01/18 Tribune de l'AUREF (alliance des universités de recherche et de formation): critique de l'absence d'une politique nationale

Résumé AEF:

L’Auref s’inquiète du mode de financement du plan étudiants, en ce sens qu’il s’appuie en grande partie sur des "appels à projets extrêmement sélectifs" comme les NCU (Nouveaux cursus à l’université), indique-t-elle dans une tribune mardi 30 janvier 2018. L’Auref demande au contraire "des moyens à la mesure des enjeux pour toutes les universités françaises". En réponse au ministère qui parle de dissémination "d’ici à trois ans des résultats des projets NCU, à l’ensemble de la communauté universitaire française", l’Auref dénonce "une absence de politique nationale et un désintérêt vis-à-vis des étudiants inscrits dans des établissements non retenus dans le cadre de la compétition". Cette tribune est publiée quelques jours après la lettre du président de la CPU à la ministre sur les moyens, qui n’évoquait pas cette questio( n

 

Pour les abonnés AEF: http://www.aef.info/abonne/depeche/579532

 

Rappel sur prise de position AUREF qui représente les universités de proximité via blog de P Dubois Histoire d'universités: 

 https://histoiresduniversites.files.wordpress.com/2017/01/tribune_de_lauref__pour_des_universites-421095.pdf

   

  

Notre commentaire: Vaste sujet que ce processus de restructuration tiraillé entre deux logiques orthogonales : maillage territorial (les COMUE) et choix de clusters d’excellence (les IdEX). Pilotage dont nous ne cessons de dénoncer l’incohérence et dont on voit déjà les limites aujourd’hui : à peine créées, plusieurs COMUE sont déjà en voie de dislocation. Pour favoriser l’émergence de "grande universités de recherche", dans la novlangue du ministère et du CGI* réunis, on relègue mécaniquement les autres au rang d’universités de « proximité » en charge de tout ce que les pôles excellence ne voudront pas. Dans le même élan, on induit aussi à coup d’EUR le découplage entre le continuum master-doctorat d’un côté et la Licence de l’autre. Les conséquences sont multiples : des universités à deux ou trois vitesses, des universités qui se replient sur leur Master-Doctorat pour se concentrer sur l’auto-reproduction de l’espèce, la secondarisation de la Licence… Bref un pilotage opaque par la course à l’argent, mené au coup par coup, sans constat préalable des limites du système actuel, sans feuille de route déclarée, sans objectifs partagés mais avec des conséquences lourdes et irréversibles. Nous y reviendrons plus tard mais vous pouvez voir ce que nous disions il y a peu dans https://questions-esri.blog4ever.com/janvier-1ere-semaine-restructuration-en-douceur-de-l-esr-via-le-pia3-et-le-gpi-bonne-ou-mauvaise-chose).:

 

* le CGI devenu simple secrétariat au service du ministère, de la cohésion, enfin ! https://questions-esri.blog4ever.com/decembre-3eme-semaine-1912-le-cgi-commissariat-general-a-linvestissement-change-de-nom-pour-devenir-un-secretariat-general-pour-linvestissement),

 



04/02/2018
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