ESRI à la sauce BesCha

15/09/2018: C'est la rentrée! Point sur Saclay après la trêve estivale

 

 

Nous nous sommes quittés en juillet avec l'attente de la nomination de 2 dirigeants pour des composantes prestigieuses (Polytechnique et CentraleSupélec) de cet écosystème universitaire du plateau de Saclay dont notre Président de la République, cédant aussi là à un certain nombre de lobbys, a enteriné la séparation en 2 universités: 

 



X et NewUni:

Dans la construction de la nouvelle entité NewUni la nomination d'un nouveau PR pour l'X apparaissait comme une étape importante pour les objectifs à venir. La saga de cette nomination est bien décrite (avec un parti pris que nous soutenons) dans le blog d'Alexandre Moatti: 

http://polytechnique2018.over-blog.com/2018/06/and-the-wooner-is.html

 

Malgré une mobilisation des tenants d'une présidence axée sur le caractère scientifique de cette GE finalement c'est (bien sûr) un membre du "corps des mines" venant du monde des agences de "consulting" sans compétence particulière dans le domaine de l'enseignement supérieur et de la recherche qui a été choisi par le gouvernement. Non bien sûr aucun lobby n'a influé!!! Où est le nouveau monde réformateur qui lave plus blanc que blanc? 

 

Pour se faire une bonne idée de la situation:

A noter pour NewUni que le communiqué du gouvernement du 3 août indique qu' "Éric Labaye a vocation à présider le directoire de pilotage institué par la convention de coopération, que viennent d’approuver les conseils de chacun des membres de NewUni, qui comprend à ce stade l’École polytechnique, l’Ensae, l’Ensta Paris Tech, Télécom ParisTech et Télécom Sud Paris. Ce directoire préfigure le futur comité exécutif de NewUni."

 

Autre point important dans le paysage de l'Enseignement Supérieur la reconnaissance du grade de licence au bachelor de l'X, décision prise début août:

  • Résumé dépêche AEF:  "Le grade de licence du diplôme de premier cycle de l’École polytechnique est conféré aux étudiants obtenant le diplôme à compter de la session 2020." Telle est la principale disposition d’un décret paru au Journal officiel mercredi 8 août 2018. Ce texte crée un précédent puisque c’est la première fois qu’une école d’ingénieurs décroche le grade de licence, jusqu’alors réservé aux universités. La Cdefi et la CGE ont déjà fait savoir que si ce droit était accordé à Polytechnique, il serait "légitime que les autres écoles en fassent la demande" 
  • Pour les abonnés: https://www.aefinfo.fr/acces-depeche/590494

Relire à ce sujet "bachelor vs licence" ce que nous écrivions en mai : Ces bachelors auraient parfaitement leur place dans une offre de formation niveau Licence coopérée et coordonnée au sein d'un même établisssement universitaire qui fédère les compétences. Ceci exige un autre niveau d'ambition que le bricolage "chacun dans son coin" actuel.   https://questions-esri.blog4ever.com/020518-saga-bachelor-vs-grade-de-licence-combat-des-ge-en-passe-detre-gagne-et-si-on-se-mettait-autour-d-une-table-avant

 



 

Université Paris-Saclay:

En parallèle à la mise en place d'actions pour satisfaire aux recommandations du dernier jury Idex (avril 2018) reconduisant une période probatoire, la nomination d'un nouveau DG dans la composante CentraleSupélec a mis là aussi en avant le rôle de certains lobbys. La fin du processus a conduit à la nomination d'un DG ayant une expérience forte dans l'Enseignement Supérieur et la Recherche qui satisfait en gros le personnel qui avait lutté pour qu'on ne lui impose pas un candidat ne remplissant pas tous les critères attendus.

 

CentraleSupélec:

  • Prise de position du personnel face à la volonté de leur imposer un DG ne satisfaisant pas un certain nombre de critères: 

    "M. Béchon ne bénéficie d’aucune expérience dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche, et d’une expérience faible dans celui de l’entreprise et de l’international, contrairement à d’autres candidats qui ont été délibérément écartés", juge

    la section syndicale Sgen-CFDT de CentraleSupélec dans un communiqué de presse (https://drive.google.com/open?id=1gKONtIGkRkeAwJWz5yl_286CSkuwEvhH) , le 27 juin 2018. Elle "appelle le gouvernement à choisir le nouveau directeur de l’école sur

    des critères objectifs et indépendamment des groupes de pression".
  • Résumé dépêche AEF : C’est finalement Romain Soubeyran qui succédera à Hervé Biausser à la tête de CentraleSupélec pour 5 ans, à partir du 1er septembre, indique l’école le 25 août 2018. Le MESRI n’a donc pas tranché dans le sens de la commission de recherche qui s’était prononcée en faveur de Christian Béchon, un Centralien, ancien PDG du groupe LFB (lire ici). Directeur général de l’Inpi depuis octobre 2016, Romain Soubeyran est ingénieur général au corps des Mines et a dirigé les Mines ParisTech de 2012 à 2016. 
  • Dépêche AEF pour abonnés: https://www.aefinfo.fr/depechepdf/590895

 

Mise en place de l’Université Paris-Saclay:

 

Pour tenter de mettre en place l'université cible présentée au jury Idex et tenir compte de ses recommandations (voir https://questions-esri.blog4ever.com/040518-apres-jury-idex-saclay-as-usual) une nouvelle itération de groupes de travail a été lancé. Ces GT travailleront sous forme d'une structure projet présentée dans le document https://drive.google.com/open?id=1yWhspMIqRFVP5yGjfD_Su_9Qc26ehztU. Espérons que cette fois on parlera enfin de contenu avec l'objectif de répondre concrètement aux défis de l'ESR, notamment celui de transformer un système dédié au tri d'une élite en un autre privilégiant enfin la meilleure formation possible pour chaque étudiant d'une classe d'âge, chacun en fonctionde ses possibilités.

 

De ce point de vue, l'affaire nous semble mal embarquée avec le projet de collège qui, même si l'idée d'une PMJ hors UPSay semble avoir été abandonnée (la situation n'est pas encore claire), entérine de fait une partition du cycle licence en 2 entités distinctes conduisant inélectuablement à une ségrégation entre différents types de licences. Celles "d'excellences" dans l'université avec son idex, couplées aux Grandes Ecoles et les autres reléguées dans un collège universitaire. C'est la porte ouverte à une université à 2 vitesses en termes d'objectifs et de moyens puisqu'il est probable que ce filtrage s'étende ensuite aux Masters, ceux faisant partie de la "grande université" et les "autres". C'est en tout cas une bonne façon de promouvoir l'individualisme (chaque responsable s'activant pour placer sa formation dans le bon wagon) au détriment d'une vision globale, collégiale et innovante. A suivre...

  • Résumé dépêche AEF: La future Université Paris-Saclay, qui succédera à la Comue au 1er janvier 2020, créera à terme une "école universitaire de 1er cycle" pour mieux accompagner, dès la L1, des étudiants recrutés notamment via Parcoursup visant une insertion professionnelle à bac +3 ou en master. Quant aux licences de l’UP Saclay, elles auront, elles, un recrutement "contrôlé" pour des étudiants se destinant à des études longues. La Comue vient de synthétiser sa "concertation" sur le thème "Repensons le cycle licence" dans un Livre blanc. Elle souhaite que ses communautés s’emparent largement de ce chantier.
  • Dépêche AEF: https://www.aefinfo.fr/acces-depeche/588778
  • Livre blanc "Repensons le cycle licence": https://drive.google.com/open?id=1-adkNCIFbt5hV-t8E66dvTI6GuJTTI7e


 

En guise de conclusion: relire notre tribune de mai 2018 https://questions-esri.blog4ever.com/310518-huit-annees-de-course-a-lidex-sisyphe-peut-il-transformer-l-esr-francais-une-tribune-dans-l-aef où nous abordons le cas Saclay entre autre ainsi que le référé de la cour des comptes de juin 2018 qui converge sur beaucoup de points avec ce que nous avançons https://questions-esri.blog4ever.com/17062018-retour-sur-refere-cour-des-comptes-sur-initiatives-dexcellence-et-politique-de-regroupement-universitaire:

 

  • recommandation de la nécessité d'un Etat stratège doté d'une vision politique de l'ESR: défaut d’articulation entre la politique de regroupement et la politique d’excellence du PIA. Pour nécessaire qu’elle paraisse, la recomposition attendue a buté sur une insuffisance initiale de coordination autant que sur les limites des instruments de coordination territoriale issus de la loi de 2013 (p2)
  • recommandation centrale : le besoin de cohérence "politique d'excellence vs politique de site": le ministère chargé de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation doit assurer la cohérence et l’effectivité de sa tutelle sur les établissements ayant vocation à participer à un regroupement. Il lui appartient notamment de formuler plus clairement ses objectifs de long terme et de les hiérarchiser (p6)

 

Sur ce sujet "politique d'excellence vs politique de site" nous y reviendrons avec la publication de l'avant projet d'ordonnance sur la politique de site et les commentaires que cela fait naître:

Résumé dépêche AEF: Lever les obstacles juridiques afin de permettre aux sites qui le souhaitent de s’organiser comme ils l’entendent et permettre l’emboîtement des personnalités morales : telle est la philosophie de l’avant-projet d’ordonnance "relative à l’expérimentation de nouvelles formes de rapprochement, de regroupement ou de fusion des établissements d’ESR", que s’est procuré AEF info, le 11 septembre 2018. Il permet aussi d’expérimenter une nouvelle forme de regroupement appelée "rapprochement", autrement dit une association sans chef de file. Voici le contenu de l’avant-projet.

Dépêche AEF: https://www.aefinfo.fr/depeche/591398

 



15/09/2018
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